Chenilles et typhoïde en République démocratique du Congo

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Les insectes font partie du régime alimentaire de plus de deux milliards de personnes dans le monde. Souvent considérés comme un mets raffiné, ils sont également riches en nutriments. En République démocratique du Congo (RDC), les insectes les plus communs dans l’alimentation sont les chenilles, qui sont consommées par plus de 70 % de la population tout au long de l’année. Les chenilles, qui sont une source précieuse de lipides, de protéines et de micronutriments essentiels, aident à prévenir la malnutrition et constituent un aliment important pour les femmes enceintes et les jeunes enfants. Elles sont à la fois consommées et vendues, ce qui contribue à la sécurité alimentaire et à la stabilité financière de la population.

Les chenilles dans la province de Kwango

Dans la province de Kwango (ouest de la RDC), les chenilles sont récoltées dans la zone forestière vierge autour de la rivière principale. Les communautés qui récoltent les chenilles, comme bon nombre de communautés dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, n’ont pas accès à des installations d’assainissement modernes. Par conséquent, la population fait souvent ses besoins dans la forêt et ne peut pas éliminer de façon hygiénique les excréments. Lorsque les fortes pluies ramènent les excréments et autres déchets dans la rivière (source principale d’eau de la région), il se peut que les familles des villages alentour collectent de l’eau contaminée par les excréments, ce qui augmente le risque de maladies d’origine hydrique, notamment la typhoïde.

Le manque d’infrastructures modernes d’eau et d’assainissement en RDC entraîne une prévalence élevée de la typhoïde et d’autres maladies d’origine hydrique. Les épidémies de typhoïde en RDC sont fréquentes et le fardeau représenté par la typhoïde résistante aux médicaments est en augmentation. De plus, la RDC est un pays vaste qui compte de nombreuses communautés rurales qui n’ont pas accès à des infrastructures de santé. Si une personne contracte la typhoïde (pendant la saison de la récolte des chenilles ou à tout autre moment), les conséquences peuvent être préjudiciables pour cette personne et sa famille.

Lorsque les établissements de santé ruraux doivent faire face à un afflux de patients atteints de la typhoïde, il est possible qu’ils ne disposent pas des dispositifs de diagnostic, des antibiotiques ou des moyens chirurgicaux nécessaires pour traiter tous les patients de façon adéquate. Si la typhoïde n’est pas diagnostiquée ou pas traitée correctement, des complications graves peuvent survenir. La perforation intestinale due à la typhoïde est la plus fréquente et nécessite une intervention chirurgicale. Dans la province de Kwango, Médecins Sans Frontières (MSF) et d’autres partenaires ont installé des hôpitaux mobiles pour permettre la réalisation de chirurgies dans des zones qui n’ont pas accès aux centres de soins de santé primaires ou chirurgicaux. Le fardeau de la typhoïde reste élevé et devient de plus en plus préoccupant au vu de l’augmentation de la résistance aux médicaments. Il convient donc de protéger les communautés de Kwango et d’autres provinces contre la typhoïde. 

Les VTC offrent une protection contre la typhoïde

Les vaccins antityphoïdiques conjugués (VTC) sont sûrs et confèrent une protection élevée contre la typhoïde, le tout avec une seule dose. Ils protègent contre la typhoïde résistante aux médicaments, limitant ainsi la transmission de la maladie et l’évolution des souches résistantes. Ces vaccins constituent un moyen de lutte contre la maladie extrêmement efficace, et leur intégration aux mesures WASH représente l’approche la plus complète pour contrôler la typhoïde. Bien que les VTC ne soient pas encore disponibles en RDC, les experts en santé locaux de la province de Kwango ont réagi à l’épidémie locale récente en faisant de la prévention auprès des membres de la communauté au sujet de la typhoïde, en leur apprenant à reconnaître les symptômes et à savoir quand consulter.

Les autorités de la province de Kwango mènent des opérations de sensibilisation lors de rassemblements locaux, en encourageant la population à utiliser des infrastructures d’assainissement appropriées, à nettoyer les ustensiles de cuisine et à faire bouillir l’eau avant de la consommer. Au niveau national, les responsables politiques avancent dans les projets d’amélioration de la santé des communautés. Le président de la RDC a dirigé le troisième forum national sur la vaccination et l’éradication de la poliomyélite, à l’occasion duquel les représentants du gouvernement et les experts en santé nationaux se sont engagés à faire de la prévention et du contrôle de la typhoïde des priorités. Cet engagement représente une grande avancée pour la RDC. Alors que le changement climatique intensifie les pluies diluviennes et les inondations, et que le nombre de cas de typhoïde résistante aux médicaments augmente sur tout le continent africain, les VTC sont essentiels pour préserver la santé de toutes les communautés, notamment celle des récolteurs de chenilles dans la province de Kwango et dans tout le pays.